21 janvier 1793. Louis XVI est guillotiné et la Révolution devient Terreur. L’irruption de la guerre civile dans un pays qui a perdu la tête met la France à feu et à sang. Fendant de son épée cette époque folle, un peintre paysagiste halluciné doit se mettre au vert après qu’il a tué sa femme pour un mot échangé. L’artiste jaloux mais sans remords se terre alors dans une abbaye abandonnée où il promène sa folie et ses pinceaux. Entre bandes armées et moines apeurés, Lazare Bruandet se fraie un chemin tourmenté que seule la fille de l’aubergiste aurait pu adoucir. Tourmenté par son passé, Lazare oscille entre violence et beauté, se souciant peu de sa renommée.
Quel trait ! On est saisi dès la couverture par ce visage anguleux, par cet élan graphique et ce personnage incroyable. Lazare Bruandet, qui vécut réellement, renaît de façon romancée (on ne connaît qu’assez peu de sa vie) sous la plume inspirée de Frantz Duchazeau. Le peintre écorché vif nous apparaît alors comme une espèce de Corto Maltese qu’on aurait mâtiné de Raspoutine, un Taillard de Worms arpentant la forêt plutôt que le Quai d’Orsay, la folie en plus. Un très bel album.
(GD-MT)