Son nom est “France” mais on l’appelle “la petite”. Elle n’a que quatre ans et demi. Dans le Paris occupé de 1944, elle vit seule, très choyée, près d’une mère passionnément aimée. De son père, prisonnier, elle ne sait rien, si ce n’est que l’on vient d’annoncer son retour. La peur la saisit. Devra-t-elle partager son bonheur de toujours ou même y renoncer ? Le prisonnier rentre, blessé, fragile, veut sa femme tout à lui et traite durement sa fille qu’il juge fort mal élevée. Les Américains débarquent. Le père devient pour “la petite” le “père” dont elle rêvait. Dans une sorte de trop-plein d’amour, elle lui confie le “secret” que, sans savoir pourquoi, elle avait ordre de taire… Plus tard seulement, elle comprendra beaucoup de choses. L’isolement et la souffrance de l’enfant délaissée, ignorant les codes des adultes, sont admirablement illustrés dans ce court récit. Subtilité de l’analyse, justesse de ton, sobriété du style, ce beau premier roman publié par Marie Sizun, soixante-cinq ans, fait espérer très vite un second.
Le père de la petite.
SIZUN Marie