Enfants, la DDASS avait placé Max et Léna chez Vinie, une Mauricienne qui élevait déjà un garçon nommé Séverin. Max avait mué sa honte en détermination, entraînant la maisonnée dans son ascension pour mettre le monde à sa merci. Aujourd’hui photographe courtisé, il est devenu Maximilien, cachant derrière l’artiste une personnalité égocentrique et rigide. Rebuté par la laideur, il s’obstine à gommer toute trace d’inélégance, jusqu’à la malformation de sa soeur. Mais celle qu’il vénère et qu’il entoure de luxe et de futilité ressemble de moins en moins à ses projections. Depuis la mort de Séverin dont il s’agace, Léna est devenue vulgaire et Vinie irascible, fissurant le cocon qui abritait jusque-là un bonheur lisse, du moins en apparence. Odieux autant que pathétique, Maximilien, que seul apaise le rangement maniaque de ses bilboquets, tente de recréer un bonheur factice à coups de grandioses démonstrations affectives.
Après Blanquette (NB octobre 2000), on doit à Laure Buisson une nouvelle étude de la passion destructrice ; un récit qui se dévoile à mesure qu’il se trouble, un talentueux lamento qui ne vous lâche plus jusqu’à son terme mais dont l’excès met mal à l’aise.