Un dialogue imaginaire, le jour de sa mort, le 4 décembre 1975, entre la philosophe et une fillette, son double vraisemblablement, le prénom de l’une étant le palindrome de celui de l’autre : Hannah. Dérangée dans son travail – la rédaction de sa dernière oeuvre, La vie de l’esprit -, piquée au vif par l’impertinente fillette qui croit qu’elle joue avec des mots, elle l’entraîne au théâtre, là où les mots, sortis du terrier du penseur en chambre, prennent vie, deviennent actes.
Et voilà mis en scène de grands moments de la pensée du politique : Aristote et les déboires de l’agora ; les pièges du pouvoir, ses risques de perversion, ceux d’une pensée unique, la tentation de se réfugier hors de la mêlée… la nécessité d’un réel engagement personnel, sans prêt à penser. Ces thèmes sont explorés malicieusement à travers une mise en scène fantaisiste : on y croise le loup, les hommes-bureaux, la statue d’Aristote, et le petit renard -Heidegger peut-être- tenté par le terrier. Un plaidoyer exigeant mais parfois obscur pour le courage de la pensée.(C.B.)