Tim Fansworth assume crânement sa quarantaine. Avocat associé d’un grand cabinet new-yorkais, il a gardé toute sa séduction à l’instar de Jane, sa femme. Une superbe maison, une fille adolescente certes un peu rebelle mais aimante, il incarne l’archétype de la réussite… Pourtant, un mal inconnu le ronge et lors de crises dont il ne peut contrôler la venue il se lève et marche, marche, marche jusqu’à l’épuisement, s’écroulant n’importe où dans un sommeil comateux.
Après un premier roman, Open space (NB octobre 2007), Joshua Ferris dresse, dans ce deuxième roman assez noir, le portrait kafkaïen d’un homme dépossédé de son libre-arbitre par un trouble obsessionnel. Ce mal dont les médecins ignorent l’origine, physiologique ou psychologique, le conduit au plus profond de la solitude. L’écriture de ce jeune auteur est prometteuse. Le style, peut-être encore un peu trop travaillé, est parfois déstabilisant, mais l’observation des personnages est fine et sensible. De manière originale sont abordés de nombreux thèmes : l’identité, la famille, l’amour, la société… La course effrénée du héros et les dommages collatéraux qui en découlent sont une métaphore pessimiste de notre vie actuelle.