Daech (alias l’État islamique) terrifie par la fulgurance de son expansion, l’horreur des attentats commis en son nom et l’attraction qu’il exerce, chez nous, sur des jeunes déracinés. Ce mouvement d’origine sunnite et salafiste (ultra orthodoxe) s’est d’abord implanté en Irak, où il a souvent été bien accueilli par une population lasse du gouvernement corrompu de Bagdad, soutenu par les Occidentaux. Il occupe maintenant une partie de l’Irak et de la Syrie, avec des métastases au Liban et en Jordanie. Sauf un territoire reconnu internationalement, il a tous les attributs d’un État : une organisation administrative efficace, une armée bien équipée et motivée et d’importantes ressources financières. Daech est un piège pour l’Occident désemparé, et même pour certains pays de la région comme la Turquie ou l’Iran, empêtrés dans leurs ambiguïtés. Pour mieux comprendre l’imbroglio politique, religieux, ethnique et même tribal de cette zone, il faut remonter à la gestion désastreuse de l’après-Saddam Hussein par les États-Unis et même au démantèlement de l’Empire ottoman après la première guerre mondiale. Ce que Pierre-Jean Luizard, historien du Moyen-Orient, fait fort bien et clairement, sans détails fastidieux, avec une cartographie simplifiée mais suffisante. (P.S. et D.D.)
Le piège de Daech : l’État islamique ou le retour de l’Histoire
LUIZARD Pierre-Jean