Trois longues nouvelles se font suite, sous le signe de la pathologie mentale. Dans chacune, le héros-narrateur-auteur y vit au jour le jour trois parcours pédestres, sous les sunlights d’une imagination délirante. La première le met en scène, dépressif et suicidaire, circulant en Californie avec son ami, un nain qui conditionne sa vision du monde. Dans la seconde, il recherche de Los Angeles à Hollywood l’assassin du cinéma dans un périple où réel – quelques photos en font foi – et fiction se superposent dans des hallucinations névrotiques. La troisième le conduit, tentant de retrouver sa mémoire perdue, sur la côte du Yorkshire. Après la science-fiction (Le livre de Dave, NB décembre 2010), Will Self le bien nommé revient à lui-même avec un plaisir masochiste et une débauche de fantasmes, évoquant souvent son passé psychiatrique et son ancienne addiction aux drogues, promenant son malaise existentiel et ses difficultés identitaires. Sa virtuosité stylistique utilise à fond un cerveau fiévreux, une sensibilité à vif et un humour constant. Les références explosent à chaque ligne, topographiques, cinématographiques, littéraires ; les métaphores, les néologismes prolifèrent. Ébahi, étourdi, parfois touché au coeur, le lecteur s’interroge…
Le piéton de Hollywood
SELF Will