Le poids des ombres

LABERGE Marie

Quand on lui demande de venir reconnaître le corps de sa mère qui s’est jetée d’un pont de Montréal, Diane, la trentaine, ne l’a pas revue depuis sept ans. On lui laisse un mois pour décider de l’enterrement et un sac contenant des bagues lui est remis. Diane, forte de ces indices, est contrainte à faire un difficile retour sur elle-même, en fouillant le passé amoureux de cette mère libérée qu’elle détestait.    Marie Laberge, romancière canadienne, connaît tous les ingrédients qui font la réussite d’un roman (Juillet, NB janvier 2005) et les pratique avec talent. Elle fait un beau portrait ciselé et crédible d’une jeune cadre indépendante, bien représentative de son époque, mais fragilisée par un passé et des démons personnels qu’elle n’assume pas. Les autres personnages, sa mère défunte, une amie de sa mère, son amant sont les parfaits faire-valoir de la maïeutique douloureuse et chaotique qui s’opère chez elle et qui est le pivot de l’histoire. Bien mené, avec un style, souvent théâtral qui accroche et entraîne, une émotion toujours ravivée, un Montréal hivernal à souhait en cette veille de Noël, ce récit, qui peint les ravages de la jalousie, devrait séduire. (L.K. et A.-M.D.)