Câest un parfum dâautrefois. Câest un lieu du passĂ© : talus conservĂ©s, trous respectĂ©s, haies Ă©pargnĂ©es, vallons intacts. Câest lĂ quâAnny Duperey se ressource pour raconter prĂšs de son poulailler, de sa voliĂšre ou de son Ă©tang, une passion construite au fil des dĂ©cennies. Elle narre, pragmatique besogneuse ou esthĂšte attendrie, les alĂ©as de lâĂ©levage, lâangĂ©lisme ou lâinjustice du bĂ©otien ignorant, la mĂ©moire des anciens, lâintelligence mĂ©connue des volatiles, la menace des prĂ©dateurs. Et cette affectueuse connaissance des bĂȘtes Ă plumes nĂ©e dâun long compagnonnage attentif.
Â
C’est sans curiositĂ© dĂ©bordante pour les gallinacĂ©s, et peut-ĂȘtre rempli de prĂ©supposĂ©s peu amĂšnes, qu’on entame cette lecture : une actrice profite de sa notoriĂ©tĂ© pour jouer les «Marie Antoinette au Hameau». Mais, petit Ă petit, on se laisse prendre Ă ce rĂ©cit, Ă la fois journal, manuel dâĂ©levage, hymne Ă lâoeuf et Ă sa parentĂšle. Didactique avec fraĂźcheur, anecdotique, parfois drĂŽle, il est ponctuĂ© de rĂ©flexions intimes dans les rapports entre passion et petite enfance, gĂ©nĂ©ralistes dans les effets pervers de lâindustrialisation. On sâinstruit souvent, on poursuit sans dĂ©plaisir et on devient familier des poussins et des couvĂ©es…