Le poisson

CURCHOD Ronald

« Je suis le roi de tout ce que je vois ». Un garçon caché dans des fourrés observe un étang apparemment tranquille. Quelques libellules au ras de l’eau, des ronds qui s’élargissent autour d’une gueule aux petites dents pointues : une perche peut-être… Une grenouille s’aventure dans les profondeurs de l’eau, un oiseau perd une plume que le poisson gobe. Rentrant chez lui en courant, le garçon confectionne une mouche, qu’il accroche au bout d’une ligne.   Un coin d’étang prend des airs d’océan, et devient le décor d’une tragicomédie en forme d’histoire naturelle. L’épaisseur de la gouache est perceptible dans les coups de pinceaux brossés sur des fonds de teinte ocre et le nuancier décline la richesse d’un milieu naturel entre eau et verdure. Le jeu de composition des pages suggère une succession d’instants, un rythme qui fait monter le suspense d’un récit tout en images encadré par deux réflexions du personnage. La quiétude des lieux renforce l’impression de mystère et de silence perturbé par quelques mouvements de vie : on s’absorbe dans le clapotis du rond dans l’eau, et l’on admire la courbe ample du fil de la canne à pêche. Pour lecteur contemplatif. (M.T.)