Au lendemain d’une guerre civile sans merci qui a opposé le Nord au Sud, orthodoxes et musulmans, Schwara – est-ce vraiment son nom ? – descend des forêts du Nord à la recherche d’un jeune homme : ami ou ex-ennemi ? Il se dit bûcheron mais parle plusieurs langues. Dans la région ennemie d’hier, où se côtoient aujourd’hui réfugiés, trafiquants et premiers touristes, il ne rencontre que haine et suspicion. Les femmes surtout n’ont rien oublié des atrocités subies. Elles sont prêtes à tout pour survivre, soutenues, comme Irini, par leur soif de vengeance. La quête mystérieuse de Schwara se termine à Ran-Mositar dont le pont, symbole de réconciliation, sera reconstruit grâce à son aide.
Le conflit de l’ex-Yougoslavie (Mostar, Sarajevo), qui a laissé de terribles souvenirs aux survivants, a sûrement inspiré Franck Pavloff, auteur de romans souvent noirs, et de livres pour enfants (Haute est la tour, N.B. oct. 2003). Ce roman dur, poignant, est encore assombri par beaucoup de non-dits. Sans emphase, avec une émotion contenue, il laisse entrevoir l’apaisement malgré un impossible pardon.