Le pont sans retour

Fin des années quatre-vingt. Une jeune étudiante parisienne en japonais est enlevée par un groupe nippon révolutionnaire à la solde du gouvernement de Pyongyang. Après avoir été soumise à une rééducation radicale, avec alternance de violences et de bons soins savamment dosés, elle a pour mission d’apprendre le français à une jeune militante nord-coréenne qui sera exfiltrée à Séoul pour espionner une société industrielle française.

Voici un roman passionnant qui lève le voile sur la formation des espions par les autorités nord-coréennes depuis Kim Il-sung, fondateur du régime, jusqu’à ses derniers héritiers. Bien documenté, faisant état d’un fait réel – en 1970, un avion est détourné par un commando communiste japonais vers la Corée du Nord –, il décrit avec minutie les techniques du lavage de cerveau et de l’endoctrinement, basées sur le formatage idéologique, l’exaltation permanente du « Grand Dirigeant » et l’autocritique. Au-delà de la vision effrayante du fonctionnement interne de ce pays-prison, l’auteur, connu surtout pour son activité de traducteur, déroule aussi une aventure humaine exceptionnelle, celle d’une Occidentale qui doit apprendre à survivre. Crédibilité des personnages, images saisissantes de la vie du peuple, écrasé et affamé, intrigue habilement menée ajoutent à la réussite de l’ouvrage. (L.K. et M.Bo.)