Le docteur Gruber, flânant dans un musée de Washington, reconnaît dans le portrait par Raphaël de Bindo Altoviti, son fils, Michael, malade mental, souffrant de « compassion » ; il est constamment transpercé par la douleur humaine dans un monde où les relations sont fondées sur la torture réciproque. Lui-même a un besoin absolu de Nicole, liée à son amant par un passé tragique. Tragique également est l’histoire – compliquée – des personnages qui gravitent autour de Michaël, de Russie aux États-Unis : son père, né d’un officier nazi et d’une femme dont la famille a péri à Auschwitz ; la maîtresse de celui-ci dont la fille est morte d’un amour contrarié par sa propre liaison adultère… Cet univers dramatique est régi par des passions entrecroisées, exacerbées, souvent extravagantes ; ses acteurs, porteurs d’une lourde et double hérédité, sont victimes de l’enchaînement d’événements funestes. Viols, incestes et adultères, contre lesquels ils sont impuissants, mènent à des morts violentes. Mais « l’Idiot » voit : on ne peut éviter certaines réminiscences de Dostoïevski, d’ailleurs suggérées. Un talent d’écriture évident sauve l’ensemble.
Le portrait de Bindo Altoviti.
MURAVIEVA Irina