L’impératrice d’Autriche, « roi » de Hongrie, Marie-Thérèse, est une figure majeure de son pays. Son père Charles VI, sans héritier mâle, rend la « Pragmatique Sanction » pour qu’elle puisse accéder au trône. Sans expérience ni alliés pendant la guerre de Sept ans, elle perd la Silésie. Les revers développent sa détermination et son sens politique. De son cher François Etienne de Lorraine, elle a seize enfants dont Marie-Antoinette et Joseph II, avec lequel elle mène une corégence difficile.
Comment s’étonner que la féministe Élisabeth Badinter (Le conflit : la femme et la mère, NB avril 2010) ait pointé la « féminine virilité » de cette grande reine et que son excellent ouvrage recherche plus sa vérité psychologique qu’une histoire exhaustive de son règne ? Une copieuse correspondance en français, les témoignages de multiples contemporains, une bibliographie solide étayent cet éclairage personnel. Assiduité, travail, humilité, justice, fermeté et autorité sont les moteurs de Marie-Thérèse pour gérer son triple challenge d’épouse aimante, de mère attentive et de femme d’État. Politique endurante, autocrate probe, puritaine rigoureuse, elle sait aussi utiliser un vrai talent d’actrice et d’oratrice pour communiquer et émouvoir. Frédéric II, son ennemi, a dit d’elle « elle a fait honneur au trône et à son sexe ». (D.C. et C.R.-P.)