Le narrateur, romancier, reçoit un jour une Ă©trange lettre dâun prisonnier lui demandant lâadresse de Christine, sa premiĂšre Ă©pouse ; consultĂ©e par tĂ©lĂ©phone sur lâidentitĂ© de cet homme, Christine rĂ©pond seulement : « Quâil crĂšve ! » Le prisonnier continuera toutefois Ă correspondre avec lâauteur, lui parlant des personnages de ses romans dans lesquels il retrouve les traits de Christine quâil dit avoir bien connueâŠ
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Câest lâoccasion pour Michel Ragon de revenir sur son passĂ©, dĂ©jĂ Ă©voquĂ© dans Dâune berge Ă lâautre (NB novembre 1997), de retrouver la gĂȘne quâil Ă©prouvait dans le milieu bourgeois de ses beaux-parents, lui qui avait grandi dans la pauvretĂ©, dâĂ©voquer son premier amour, la mutine Louison, serveuse de bistrot, rencontrĂ©e dans le chaos des bombardements de Nantes, et dâanalyser son propre destin. Le prĂ©texte utilisĂ© par Michel Ragon pour faire le constat de son impossibilitĂ© Ă se « dĂ©barrasser de son complexe de deux cultures » est assez artificiel. NĂ©anmoins, ce trĂšs court roman, dont les racines autobiographiques sont Ă©videntes, confirme son talent de conteur, sa simplicitĂ© dâĂ©criture et la justesse de ses analyses.