Au XVIIe siècle aux Pays-Bas, le Juif Baruch Spinoza est excommunié par sa communauté : ses opinions et ses écrits remettent en cause l’origine divine de la Torah et de toutes croyances et rituels religieux. Seul, dit-il, l’exercice éclairé de la raison conduit à une vie morale harmonieuse. Au XXe siècle, l’Allemand Alfred Rosenberg, malgré son violent antisémitisme, découvre au collège le génie de Spinoza. Il rejoint bientôt le mouvement nazi, devient l’idéologue du IIIe Reich et finit exécuté à Nuremberg sans avoir réussi à élucider le « problème Spinoza » : est-ce bien un Juif qui a produit cette oeuvre admirable ? Irvin Yalom (Et Nietzsche a pleuré, Livre du Mois NB janvier 2008) utilise habilement l’abondante documentation concernant Rosenberg et la période nazie et celle, beaucoup plus restreinte, consacrée à Spinoza. Sa connaissance du judaïsme et sa longue pratique psychiatrique lui permettent de combler les vides et donnent une crédibilité psychologique à ses deux personnages, dont les parcours s’entrecroisent en chapitres alternés. Les arguties talmudiques sont parfois pesantes, quelques théories spinoziennes se répètent, les changements de typographie sont malvenus. Mais le thème est original et soulève des questions fondamentales à travers un récit mouvementé qui mobilise l’attention.
Le problème Spinoza
YALOM Irvin D.