Fils d’émigrés russes, deux frères, que tout sépare depuis longtemps, hériteraient de la propriété d’un scientifique, ami de la famille : occasion de renouer ? Basile a perdu l’usage de ses jambes à huit ans après une poliomyélite. Quand son père, neuropsychiatre réputé, est recruté pour travailler à un projet mystérieux en URSS, il est confié à une amie qu’il épousera. Victor, l’aîné, le préféré, a suivi ses parents. Aujourd’hui quinquagénaire parisien, Basile a accepté son infirmité, renoncé à ses ambitions de peintre, et répare des petits objets chers à leurs propriétaires. À Leningrad, le destin n’a pas épargné Victor, embarqué dans les chimères de ses parents disparus. Françoise Baqué (Celle qui détricotait la vie, NB, janvier 2009) sait rendre, à travers les scènes et les descriptions de la vie quotidienne, les épreuves du déracinement. Le thème majeur est l’évolution de l’humanité face aux progrès de la science (robotisation, immortalité). Deux philosophies s’affrontent, qu’incarnent Basile, sage et humaniste, et Victor, angoissé et soumis. Malgré la chronologie bouleversée, les nombreux personnages annexes, les digressions, l’abondance de références artistiques et historiques, on peut s’attacher à ce roman bien écrit. (L.G. et D.A.)
Le Projet Almaz
BAQUÉ Françoise