Elle se présente comme la « fille » et évoque son père, le réalisateur Ingmar Bergman, dont le nom n’est jamais cité. Dans la maison tant appréciée de Hammars, sur l’île de Fàro, ils se sont donné rendez-vous, avec une grande régularité, pour écrire sur la vieillesse, en six entretiens, d’ailleurs enregistrés. Le grand âge de Bergman, atteint d’une forme de démence, met prématurément fin à l’expérience. Après sa mort, en 2007, la fille restitue sa parole et fait revivre les figures ainsi que les parcours de ses parents, amants éphémères. Si la romancière (Et maintenant il ne faut plus pleurer, NB juillet-août 2014) évoque avec respect la figure paternelle, elle ne cache ni ses souffrances d’enfant sans père, ni ses multiples déracinements au gré des déplacements professionnels de sa mère, l’actrice norvégienne Liv Ullmann. À la manière de Pessoa, la narratrice choisit une écriture décousue pour traduire « l’inquiétude » et le déclin d’un artiste exigeant et maniaque, conscient que « devenir vieux est un labeur ». Beaucoup de redites pesantes dans ce récit erratique mais aussi quelques belles pages sur la musique, le cinéma, le théâtre et les lieux aimés. (A.K. et A.-M.D.)
Le registre de l’inquiétude
ULLMANN Linn