En prélude à son récit et comme pour donner le la, Gonzalo laisse entendre que Le Rendez-vous de Berlin a été un fiasco. Cinquante ans après son ultime rencontre avec Marina, le souvenir d’une « rue déserte, bordée de sinistres murs très hauts » où il fuit, le hante encore. Son désir de retrouver, là-bas, intacte, la passion qui l’avait lié, quand il avait quinze ans, à l’incomparable jeune femme d’un industriel allemand, client de son père à Caracas, l’avait rendu sourd et aveugle aux signes annonciateurs de la guerre… Ne comptait que son attente de revivre les sublimes instants où, dans l’hacienda paternelle, elle l’avait, tout un mois, initié à l’amour…
Sur le même ton et dans le même esprit que Les Montagnes russes (N.B. oct. 1994), ce récit a le charme nostalgique d’une histoire d’amour « à l’exotisme et au romanesque retenus. » Encadrant un texte de style raffiné et musical, ouverture et coda se répondent, « en mineur », avec beaucoup d’élégance et d’émotion contenue.