Trente ans après avoir décidé d’infléchir le destin, Fatiha Benatsou, haut fonctionnaire de la République, remet ses pas dans les traces de sa grand-mère, de sa mère et de la petite fille qu’elle fut. Trois visages, trois histoires lourdes de traditions et d’émotions secrètes, dont Fatiha bouscule l’intimité avec délicatesse. Tout est là : le quotidien de ces exilés d’Algérie venus chercher dans la France de De Gaulle un impossible Eldorado ; le bidonville de Seine-Saint-Denis, loin, bien loin de leurs espérances ; la lutte des femmes contre la fatigue, les douleurs ou les coups. Marocaines, Algériennes ou Tunisiennes, toujours mariées très jeunes, elles sont soeurs d’exil, regroupées dans la misère et l’isolement à la faveur de leur ignorance. C’est là que Fatiha grandit. Mais loin du misérabilisme, elle n’oublie pas la solidarité des mères, les fous rires au lavoir, les fêtes de l’Aïd et la fierté de son père analphabète lorsqu’elle lui lisait des poèmes.
D’une plume simple et harmonieuse, l’auteure dénoue les liens de sa mémoire et témoigne, en mêlant les époques, de la vie de sa mère et de sa grand-mère. La tendresse de son regard, sa culture, portent une belle lumière sur ces portraits de femmes.