Yuri, 35 ans, anarchiste cosaque pendant la guerre civile russe, obéit à un seul principe : ne jamais s’attacher émotionnellement. Il combat aux côtés de ses camarades, pour leur émancipation à tous, mais surtout pour mieux oublier le passé qui le hante. Celui-ci lui revient cependant en pleine figure lorsque Yuri accepte la mission qui lui est confiée par son ancien ami d’enfance, Nikita, désormais meneur bolchevique et sinistre personnage. Cette mission consiste à assassiner le dernier représentant du tsar, pour mettre fin à la guerre. Le problème est que ledit héritier est en fait une petite peste de huit ans, dont Yuri se prend d’affection : renonçant à l’exécuter, il libère la princesse du train blindé où elle est cachée par les tsaristes. Mais Nikita avait pactisé avec la sorcière Baba Yaga et prend en chasse les deux fugitifs, adossé à un immense Golem – fils de Tchernobog, dieu de la mort – composé de cadavres et de monceaux d’armements de guerre et qui grandit lorsqu’il absorbe les morts pour grandir et gagner en puissance.
À l’instar d’Une Nuit en Enfer (le film de Rodriguez, 1996), il y a clairement deux parties à cette œuvre. Il y a un avant et un après l’apparition du Golem. Avant, on suit une aventure tendre et prenante nous plongeant au cœur d’une Russie révolutionnaire avec un récit cruel et réaliste et une belle amitié naissante entre la victime de 8 ans et son supposé bourreau. Après, on bascule dans le fantastique. Si le virage est surprenant, et qu’il déçoit un peu tant la narration fonctionnait bien jusque là, on se prend petit à petit à basculer complaisamment dans ce second récit.
Gros pavé de plus de 300 pages au graphisme sublime, impossible de le lâcher, et ce malgré la richesse du récit qui peut parfois nous perdre.
(MC)