Milan Kundera reprend, près de vingt ans plus tard, la réflexion qu’il a menée sur L’art du roman (N.B. fév. 1987). Il donne sa définition du roman, parcourt son historique, prend appui sur les livres fondateurs. La littérature européenne, avec Cervantès, Rabelais, Flaubert, Musil, Kafka, Gombrowicz, lui est chère. Il donne les raisons du choix de ces auteurs, parle de chacun d’eux avec pertinence et conviction, plaide pour une littérature universelle. Parce qu’il le sent menacé, sans doute, il défend le roman qui sait déchirer le rideau des apparences et se consacrer à l’essentiel : « La seule chose qui nous reste face à cette inéluctable défaite qu’on appelle la vie est d’essayer de la comprendre. C’est là la raison d’être du roman. »
Quelques traits d’humour et des souvenirs personnels agrémentent ce très sérieux « essai en sept parties » divisées en réflexions libres, indépendantes – ce qui donne à l’ensemble beaucoup d’aération. Brillant, érudit, ce parcours de cinq siècles d’art romanesque est à lire et à relire.