Au son dĂ©chirant des blues, quatre gĂ©nĂ©rations ardentes ont vĂ©cu et aimĂ© dans le ghetto noir de Pittsburgh. Trois dâentre les leurs sont morts trop tĂŽt â brĂ»lĂ© vif, abattu par les policiers blancs, suicidĂ© â dans lâhorreur et la dĂ©solation quâune femme folle ressasse Ă jamais. Un descendant, recueillant les rĂ©cits maintes fois rĂ©pĂ©tĂ©s, tente de sentir Ă travers les mots quelles mĂ©moires ont marquĂ© sa chair.  John Edgar Wideman termine ici la trilogie Homewood (Cf. Damballah, NB janvier 2005). Universitaire, emblĂšme de ces Noirs amĂ©ricains auxquels lâaprĂšs-guerre a permis de sâĂ©duquer et de sortir de la misĂšre, il a grandi Ă Homewood. Toutes paroles confondues en une longue mĂ©lopĂ©e, son texte sâinscrit dans les lieux, raconte le dur travail, lâalcool, les rĂȘves, redit les Ă©pisodes fondateurs. Qui parle ? Qui interrompt, rĂ©pond ? Parfois le fil se rompt mais le lecteur poursuit, portĂ© par le flot musical, puissant et sensuel.
Le rocking-chair qui bat la mesure
WIDEMAN John Edgar