Le roi sans terre courait le monde inlassablement à la recherche d’un lieu qu’il puisse faire sien. Chemin faisant, son grand manteau rouge s’alourdissait de toutes sortes d’oiseaux et d’animaux, de graines et de plantes. Peu à peu son manteau devenait monde, au point que le roi en venait à se fondre dans le paysage. Un jour, ses pas le conduisirent dans une ville endormie depuis mille ans. Là, doucement, oiseaux et animaux, graines et plantes quittent un à un son manteau pour prendre racine dans les rues de la ville…
La construction soignée des phrases, la sensibilité des mots choisis par l’auteur donnent à ce conte une réelle dimension poétique, et une résonance universelle. L’essentiel du message tient dans l’attention que le roi porte aux êtres et aux choses, aux richesses et à la diversité du monde, dont il nourrit ses yeux et son coeur pour les redistribuer là où la ville, engourdie de sommeil et du froid de l’hiver, a perdu ses couleurs. À travers les images, minutieuses, généreuses, le manteau du roi devient presque le personnage essentiel de l’histoire, comme un immense condensé de vie. Une symbolique évidente, qui sera mise en valeur par le partage avec un adulte.