Quand Claus le meunier est pendu pour sorcellerie sous la pression de l’Inquisition, son fils Tyll s’enfuit en forêt avec son amie Nele. Ils rejoignent un saltimbanque. Tous deux souffrent du froid, de la faim et de la méchanceté de l’homme et le quittent. Leurs talents artistiques leur permettent de survivre. Les régions traversées sont dévastées par les combats opposant les Impériaux aux divers belligérants, les puissants s’affrontent mais les faibles supportent destructions, blessures et la peste.
Partant d’un personnage facétieux quasi-légendaire, Daniel Kehlmann (Les Friedland, HdN décembre 2014) revisite la Guerre de Trente Ans qui bouleversa l’Europe, engendrant désastres et pertes humaines innombrables. La satire n’épargne ni les villageois, ni les monarques, ni les religieux. Le héros reste énigmatique et les huit chapitres ne sont pas chronologiques. Les protagonistes varient sans cesse, les personnages inventés se mêlent aux personnalités historiques et les lieux sont imprécis sauf Westphalie qui clôt les combats. Magie et occultisme teintent le texte d’une couleur insolite. La seule personne attachante est la pauvre héritière palatine cherchant une issue à ses souffrances. Malgré beaucoup de longueurs, le récit offre un regard original sur une période incroyablement cruelle. (S.La. et A.-M.D.)