Au début du XXe siècle, le clan Mouzawaq s’épanouit dans la montagne libanaise. Tannous et Salma, frère et soeur, insèrent leur propre histoire dans celle des maronites, chrétiens fervents aux traditions immémoriales. Lui, traumatisé par un meurtre, enchaîne des vies d’inconstance : monacale, amoureuse, professionnelle… et ne vit pleinement que dans le chant où se révèle la voix singulière qu’il a héritée de son père. Elle, témoin souvent passif des destins de leur parentèle, s’épuise en désirs insatisfaits. Tous deux, solitaires et frustrés, observent les transformations de leur pays, les subissent parfois et voient arriver, en 1975, les débuts de la guerre civile. Pour ressusciter le Liban patriarcal, l’auteur de Mon maître, mon amour (NB mai 2007) fait dialoguer d’innombrables personnages qui entremêlent leurs relations complexes, scandées d’incantations religieuses – et de blasphèmes quelquefois. La deuxième partie, plus dynamique, plus accessible, recentre et resserre la chronique des bouleversements familiaux et sociologiques. Ce roman est un hommage respectueux et personnel aux trois générations d’une famille démantelée sous les cèdres symboliques. Mais le lecteur, facilement égaré dans des généalogies écartelées, peine parfois à suivre ce récit à deux voix alternées où l’on reconnaît aussi, sans surprise, tradition orale et contes orientaux.
Le royaume de cette terre
BARAKAT Hoda