Quel culot d’oser conter en BD l’épopée de Gilgamesh, la plus ancienne oeuvre littéraire connue, écrite sur des tablettes d’écriture cunéiforme, trouvée à Ninive en Mésopotamie dans les années 1870 ! Gilgamesh est un prince sumérien de la ville d’Uruk, un géant dur et intransigeant qui, après s’être battu avec son double d’argile, le bon et hirsute Enkidu, est devenu son ami. La mort d’Enkidu plonge Gilgamesh dans une profonde détresse. Il part à la recherche d’une plante de jouvence auprès d’Utanapishtim, un homme devenu dieu après avoir connu l’aventure du déluge. Il n’a pas plutôt acquis la plante qu’elle lui est volée par… un serpent ! Gilgamesh admet être mortel et règne désormais en roi sage.
Les aventures fantasmagoriques du colosse dans le premier tome cèdent la place à un long voyage solitaire, une quête intérieure initiatique. La beauté et la richesse symbolique du récit sont merveilleusement soutenues par un graphisme tout en hachures et en aplats de couleurs vives. Le récitatif constamment présent accompagne l’action tel une mélopée. S’il n’est pas forcément grand public, l’album séduit et instruit.