Le sari vert

DEVI Ananda

À Curepipe, partie humide de l’Île Maurice, un vieil homme agonise dans sa chambre. Issu d’un milieu misérable, il s’était hissé à un rang honorable de la société en devenant médecin et en épousant une jeune fille d’une famille aisée. Mais son passé, entaché d’ignominies, remonte par vagues noires et le souvenir de sa femme, tôt disparue dans d’atroces souffrances, vient le hanter. Celui qu’on nommait « Dokter-Dieu », le sauveur, n’inspirait à ses proches que de la terreur. Sûres de sa fin imminente, sa fille et sa petite-fille veillent à briser son aplomb avant que la mort ne l’emporte.

 

Dans un monologue d’une rare violence, le vieillard se targue de pouvoir encore manipuler les deux femmes qui l’assistent. Au fil de leurs répliques et du déversement ininterrompu de bile, se dessine par éclats la vérité sur ce personnage abject. Abordé dans Indian Tango (NB novembre 2007), le thème de la condition féminine occupe largement l’espace de ce huis clos, insoutenable parfois. D’origine indienne, nourrie des mythes ancestraux, Ananda Devi révèle une connaissance aiguë et subtile des rapports humains. Un livre dur, épuisant même.