Quels points communs entre ces cinq nouvelles, écrites en forme de monologues, à l’intensité dramatique évidente ? Alma Mahler évoque ses renoncements. Deux amoureux séparés par la guerre dans le Rotterdam des années quarante veulent se retrouver. Un tailleur juif décide d’émigrer en Amérique mais devient autiste et paranoïaque. Un chirurgien est confronté à un choix cornélien. Pour terminer, une jeune femme en pleine déprime, envisage enfin l’avenir mais, son vélo percuté, c’est l’éblouissement final…
Tous ces personnages mis en scène par Anna Enquist, qui fut psychanalyste avant d’être romancière, expriment les sentiments contradictoires des êtres humains. L’ambivalence est partout présente et se manifeste par l’envie d’agir d’un côté et la petite voix intérieure qui empêche l’action d’aller au bout. À l’image de son précédent roman : Les porteurs de glace (NB mai 2003), l’auteure analyse au moyen d’une très belle écriture les profondeurs ambiguës de l’âme. Le suspense et les chutes dramatiques ajoutent au plaisir de la lecture.