Marcelin Pleynet est opéré d’un cancer de la prostate : pour le rédacteur de « Tel quel » et de « L’Infini », pour le critique d’art, c’est l’occasion de mettre en mots cette expérience intime et médicale, d’élaborer dans l’écriture le nouveau savoir-vivre requis. Au plus près du bistouri, la vue changeante du Mont-Valérien, la mort, la douleur, l’amitié, l’actualité occupent une première partie, ponctuée par Nietzsche, Rimbaud, Baudelaire, Sollers, d’autres encore. Dans les deux autres parties, les notations quotidiennes du convalescent tournent de plus en plus autour de la peinture, Giorgione (et Venise) et puis Manet, avec une subtilité nourrie d’érudition (Cf. Les Voyageurs de l’an 2000, NB février 2001). Les pertinentes rafales de citations se poursuivent, le lecteur, moins érudit, hésite parfois sur les attributions. La syntaxe syncopée, soulignée par d’innombrables points de suspension, le style elliptique et la pensée souvent élusive demandent de l’assiduité. Sans doute l’auteur ne s’en soucie-t-il pas, écrivant pour les tenants du seul savoir-vivre en esprit et en corps, aristocrates de la pensée et orfèvres du quotidien. Le lecteur referme humblement le livre…
Le savoir-vivre.
PLEYNET Marcelin