Dans les années trente, au sud des États-Unis, la ségrégation raciale est bien vivace. Ni le meurtre, après viol, d’une jeune Noire, ni l’enfermement dans un bordel d’Angela, autre jeune Noire coupable d’amours illicites avec Jim, un Blanc, ne méritent que quiconque s’en offusque. Pourtant, quelques années plus tard, ces deux histoires ressortent. Sous couvert de justice et de vérité, les tenants de l’ordre établi vont rejouer une partition bien rôdée : simulacre d’enquête, prévarication, collusion et copinage donnent lieu à une parodie de procès qui écoeure Jim : il s’engage, quitte à passer pour un traître, aux côtés des Noirs. Jean-Marie Rouart renoue avec le roman après Adieu à la France qui s’en va (NB octobre 2003). Sous l’apparente simplicité du récit, il dépeint, dans son style élégant, la complexité de la comédie humaine : conformisme moral et social, cynisme des nantis, manipulation, mais aussi sursaut vertueux, résistance de certains. Un beau roman.
Le scandale.
ROUART Jean-Marie