En 1858, Honoré Meyran, riche bourgeois ardéchois, règne en maître sur le domaine de Belle Épine et sa filature de soie qu’il souhaite transmettre à l’un de ses fils. Son fils aîné, le discret Antonin, n’est pas intéressé et préfère l’exploitation de la châtaigne. C’est Gabriel, le cadet, ambitieux et grand séducteur, qui reprend le flambeau. Son amour démesuré pour l’argent et les femmes tourmente son père. Parmi les ouvrières qui succombent aux charmes irrésistibles du fils Meyran, il y a la toute jeune Colombe. Avec le talent qu’on lui connaît, Françoise Bourdon (À travers la nuit et le vent, NB décembre 2018) dresse un tableau réaliste et passionnant de la société provinciale de la seconde moitié du XIXe siècle, analysant finement tous ses personnages. Elle décrit l’extrême pauvreté des familles de paysans qu’elle oppose au train de vie de riches bourgeois et à leur toute-puissance. Si les drames n’épargnent pas plus les uns que les autres, certaines fortes personnalités échappent cependant à leur condition et parviennent à s’élever socialement quand d’autres s’enfoncent dans la misère. On peut regretter un peu de précipitation à la fin de ce roman efficace et bien écrit. (P.B. et R.C.G. )
Le secret de Belle Épine
BOURDON Françoise