1382. Revenant de Terre sainte, ruiné, en son château champenois de Lirey, Jacques de Charny découvre que, pour éponger ses dettes, sa mère procède à des « ostensions » d’un linceul qui aurait recouvert le Christ et aurait été rapporté de Constantinople par un ancêtre. Cette relique très vénérée attire un nombre considérable de pèlerins qui font la prospérité du village et permettent de construire une nouvelle et imposante collégiale. Mais l’évêque de Troyes, dont les pèlerinages locaux se trouvent désertés, déclare que ce suaire est une « forgerie » et entend mettre fin à ces pieux rassemblements par tous les moyens, même les plus violents. L’état pitoyable de la France à la fin du XIVe siècle est assez bien évoqué. Et il est exact que le Saint-Suaire actuellement à Turin se trouvait alors à Lirey en Champagne et y fut l’objet d’un conflit entre l’évêque et le seigneur du lieu. Mais cet épisode est fortement romancé et l’auteur malmène l’Histoire, en mettant notamment en scène un croisé, plus de cent ans après la dernière croisade. Ce premier roman alerte se lit néanmoins agréablement et dénote chez le fils d’Alain Decaux un certain talent de conteur. (P.S. et D.C.)
Le Seigneur de Charny
DECAUX Laurent