Ă SĂšte, Louise sâapprĂȘte Ă recevoir ses trois enfants, Fanny, Albin et Jonas ; elle se rĂ©jouit de ce dĂźner qui rĂ©unira la famille dispersĂ©e depuis le dĂ©cĂšs du pĂšre. La mĂšre sâobstine Ă prĂ©server lâimage dâun pĂšre attentionnĂ©, si diffĂ©rente de celle que chacun de ses enfants a gardĂ©e : celle d’un pĂšre violent qui a saccagĂ© leur enfance et ne cesse de hanter leur vie dâadulte. Chacun sâabsente dans ses pensĂ©es tout au long de cette journĂ©e et affronte ses angoisses, perte dâun enfant, dâun amant, divorce.
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Jean-Baptiste Del Amo, qui sâest fait remarquer par un premier roman flamboyant (Une Ă©ducation libertine, NB octobre 2008), donne Ă ce texte une facture bien diffĂ©rente. Il invite Ă un voyage douloureux au sein de la mĂ©moire familiale. Quatre personnages, obsĂ©dĂ©s par la figure tyrannique du pĂšre, lui imputent leurs Ă©checs. La violence conjugale, qui sâexerce dans le secret des familles et semble ancrĂ©e dans les gĂšnes, est au coeur de ce texte introspectif. Violente aussi dans son expression, la sexualitĂ© est trĂšs prĂ©sente. Les monologues intĂ©rieurs sont parfois longs, sans lâĂ©tonnante extravagance rĂ©vĂ©lĂ©e en 2008. Les personnages sont subtilement cernĂ©s, lâĂ©criture est toujours aussi parfaitement maĂźtrisĂ©e.