La Tchétchénie a toujours tenté de sauvegarder sa culture originale face à la Russie, au prix d’affrontements qui ont récemment atteint un paroxysme. Avec l’aide de Ruth et Nicholas Daniloff, Khassan Baiev, chirurgien tchétchène, relate ce qu’il a vécu pendant les pires années de la guerre. Dans un dénuement total, sous les bombes, il a opéré sans relâche des corps atrocement mutilés. Fidèle au serment d’Hippocrate, il a soigné les soldats russes comme les partisans, ce qui lui valut d’être considéré comme traître par les deux camps. Épuisé physiquement et moralement, il réussit à émigrer et vit désormais aux États-Unis.
Khassan Baiev est déchiré et lucide, conscient des responsabilités des chefs de guerre tchétchènes que n’excusent pas les exactions et la cruauté des troupes russes. Les criminels de droit commun enrôlés dans cette guerre n’ont plus rien d’humain et les souffrances de la population dépassent en horreur tout ce qu’on en a dit. La riche personnalité de l’auteur, médecin de grand talent, musulman convaincu, passionnément attaché aux siens, fait de ce récit un témoignage impressionnant, émouvant par son réalisme : on patauge littéralement dans le sang.