Une famille corse traverse le siĂšcle. Ses hommes, qui ont rĂȘvĂ© de quitter la trop petite Ăźle natale, l’ont chĂšrement payĂ©, avec son legs de morts et de blessĂ©s Ă la premiĂšre puis Ă la seconde guerre mondiale. Les gĂ©nĂ©rations qui suivent, gommant leur origine, vont en Indochine ou en AlgĂ©rie se battre pour ce qui reste de « l’empire français ». Les derniers, ceux d’aujourd’hui, affirment au contraire leurs racines et tentent de faire revivre un bar au village. L’argent, l’alcool, les filles, et c’est la chute. JĂ©rĂŽme Ferrari (OĂč j’ai laissĂ© mon Ăąme, NB octobre 2010) livre ici un excellent roman. InspirĂ© par un sermon de saint Augustin, l’auteur dĂ©montre que les mondes naissent et meurent comme les individus. En se penchant sur de vieilles photos jaunies, il imagine la vie de ses ancĂȘtres corses, alliant avec talent le souci d’une intrigue familiale et une rĂ©flexion sur la nostalgie du temps qui passe. Vivants et attachants, les personnages donnent corps aux espoirs déçus et aux rĂȘves de grandeur, au poids des origines et de l’appartenance Ă une nation. Autant de thĂšmes savamment entremĂȘlĂ©s dans une langue limpide et riche. Superbe !
Le sermon sur la chute de Rome
FERRARI JĂ©rĂŽme