À dix-sept ans, Jean Forest obtient en 1938 le brevet de pilote à l’aéroclub de Mâcon. Comme son père lui interdit de s’engager lorsque la guerre éclate, il part étudier la biologie à Grenoble et Alger, rêvant de la jeune fille rencontrée lors de l’exode. Après le débarquement des Alliés en Afrique, il rejoint l’armée de l’air aux États-Unis, sans pouvoir participer activement à la guerre. Fin 1945, il retrouve sa fiancée, devient pilote de ligne pour Air France et se partage entre son métier et sa famille, vivant cependant dans son monde et ses nuages.
Philippe Forest mêle habilement l’histoire de l’aviation, depuis ses débuts légendaires à l’aube du XXe siècle, à la vie « sans histoires » de son père. Partant toujours de son vécu personnel (cf. Le nouvel amour, NB octobre 2007), l’auteur le transcende par une réflexion constante sur le passage du temps, la relativité, l’évolution des opinions, l’effondrement des principes devant la destruction barbare ou le deuil. Même s’il est parfois ardu, le texte est éblouissant tant ses longues phrases, incantatoires et poétiques, parviennent à cerner au plus près rêves d’enfant, souvenirs, événements, ce qui a été, ce qui aurait pu être.