Le Silence du moteur

LEBÉ Olivier

Pierre Delaire, musicien français séparé de sa femme américaine, est resté vivre à Los Angeles pour être auprès de sa fille Romy. L’adolescente va très mal : elle s’automutile depuis des années. Les thérapies, inefficaces et dispendieuses, ne sont plus prises en charge. Au lieu de se rendre à l’hôpital, le père et sa fille partent chaque matin dans une vieille Jaguar, roulent sans but sur les autoroutes jusqu’aux portes du désert et reviennent le soir à leur point de départ.   Olivier Lebé évite avec finesse la noirceur dramatique que pourrait faire craindre la lourdeur du cas de la jeune fille « borderline ». Rien de clinique, larmoyant ou effrayant. Après avoir connu la peur de perdre son enfant, la révolte, la culpabilité, le père accepte son impuissance et son rôle passif d’accompagnateur. Les rôles s’inversent dans la seconde partie du roman, quand le duo père-fille revient précautionneusement à la vie normale. Belle évocation de Los Angeles, ses lumières, ses non-couleurs, ses embouteillages, ses incendies. L’écriture très personnelle mêle intimement narration, images, références musicales, cinématographiques ou littéraires, notations psychologiques. Un point de vue original et émouvant sur l’amour paternel.