Le sillage de l’oubli

MACHART Bruce

QuatriĂšme enfant d’un couple tchĂšque implantĂ© au sud du Texas, Karel Skala ne connaĂźtra pas Klara, sa mĂšre, morte Ă  sa naissance en fĂ©vrier 1895. Son pĂšre redeviendra l’homme brutal qu’il avait Ă©tĂ© avant de connaĂźtre Klara. Pendant les quelques annĂ©es de bonheur vĂ©cues avec elle dans leur ferme au milieu des champs de coton, trois beaux petits garçons faisaient leur fiertĂ©. AprĂšs le drame, Vaclav fait trimer ses quatre fils et les harnache Ă  la charrue comme des bĂȘtes de somme, Ă  tel point qu’ils auront le cou dĂ©formĂ© Ă  vie. Horions, bourrades et insultes se succĂšdent pour les dresser tandis que les chevaux, devenus la passion exclusive de Vaclav connaissent des jours plus heureux. Il en vient Ă  dĂ©fier les propriĂ©taires voisins aux courses avec ses chevaux bien entraĂźnĂ©s et rafle rĂ©guliĂšrement la mise sous forme d’hectares de terre. Arrive un riche espagnol avec trois jolies filles Ă  marier, un domaine Ă  agrandir, un ranch Ă  faire tourner, une descendance Ă  assurer, bref, les fils aĂźnĂ©s de Vaclav l’intĂ©ressent. Un pari est lancĂ©, Graciela, sa benjamine et Karel, excellents cavaliers l’un et l’autre, s’affrontent alors pour un fol enjeu. La dĂ©faite humiliante des Skala met les trois garçons aux ordres de leur futur beau-pĂšre et fait le dĂ©sespoir de Karel, tombĂ© amoureux de Graciela. Des drames vont Ă©clater
 Portrait saisissant d’une famille, tout au long d’une trentaine d’annĂ©es, le rĂ©cit est racontĂ© « en voix off » par un narrateur qui suit les personnages Ă  travers les mĂ©andres de leurs sentiments, dans une habile alternance du passĂ© et du prĂ©sent. L’écriture Ă©voque avec puissance la beautĂ© trĂšs Ăąpre des paysages, la sensualitĂ© des corps, le rĂ©alisme d’une vie rude et virile au milieu des chevaux, des odeurs. Et au milieu de tout cela, l’alcool de maĂŻs et la biĂšre coulent Ă  flot, le shĂ©rif et le pasteur sont un peu dĂ©bordĂ©s, les femmes toujours belles, courageuses, merveilleusement indulgentes
 Ainsi, dĂšs les premiĂšres pages, nous voilĂ  entraĂźnĂ©s avec fougue dans la littĂ©rature Ă©pique amĂ©ricaine. Un beau et bon premier roman !