Le soldat

JOUVRAY Olivier, EFA

Lors de la guerre de sécession aux Etats-Unis, Henry et William sont deux jeunes recrues, moquées par les anciens qui leur assurent qu’ils se conduiront en couards face au feu de l’ennemi. Ils sont persuadés, eux, de leur bravoure. Mais Jim, un vieux briscard, les prévient de la terrible réalité et du danger qui les attend. Henri fait d’horribles cauchemars durant lesquels les sudistes terrifiants et cruels l’agressent. Les marches et les contremarches avant le combat les font douter de la compétence de leurs officiers. Enfin, c’est le face à face ; la terrible réalité avec son lot de morts et de blessés. Henry prend peur, et quitte le front comme un poltron. La vue des morts le remplit de honte et lui fait reproche de sa lâcheté. Il rencontre une colonne de blessés, Jim meurt dans ses bras. Désespéré, il erre et prend un coup de crosse malencontreux qui va le faire passer pour un héros aux yeux de ses camarades et l’obliger à se comporter comme tel.

 

Soldat, imaginé par Olivier Joufray, est une adaptation libre du roman La conquête du courage de Stephen Crane, un classique de la littérature américaine sur les comportements guerriers. Admirablement servi par le dessin précis et les couleurs pastel d’EFA, qui contrastent avec la violence du sujet, cette BD est une réflexion sur la folie et l’absurdité de la guerre, ses dérives monstrueuses, le droit de l’individu à choisir son destin et à surmonter ses doutes. Courage et héroïsme sont cousins germains de trouille et désertion. Tout cela a-t-il un sens ? Tout n’est-il pas que dérision ? Le fantôme du vieux Jim se fait le porte parole des auteurs qui, revisitant le roman à leur manière, dénoncent le fanatisme et le cynisme du discours militaire qui embrigade les hommes pour en faire de la chair à canons. La fin, terrible, est la démonstration éclatante de ce propos.