Une quadragénaire portée sur la boisson, en quête de compagnie masculine, dévoile à une rencontre de bar sa spécialité : elle est chasseuse de trésors et s’intéresse de près aux bijoux, russes de préférence, en particulier à un rubis énorme, le Soleil rouge, qui a appartenu aux tsars. Cela ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd… Cent ans plus tôt, juste avant la révolution, une délicieuse danseuse russe se faisait entretenir par un prince qui la couvrait de bijoux…
Les chapitres alternent, passant d’une époque à l’autre. La romantique Violette Cabesos (Portrait de groupe avec parapluie, NB novembre 2016) a l’âme russe et, d’une écriture frémissante, elle compose le journal de la danseuse, dépositaire d’un terrible secret. À peine troublée par l’affaire Raspoutine, la vie de cour s’y déploie dans une somptueuse insouciance, avant de s’effondrer dans le sang. On frémit. En même temps, dans la partie contemporaine, les recherches dans les archives, caves et souterrains, les enlèvements, les séquestrations, les trahisons se succèdent. L’intrigue, brouillonne, s’enlise, le style dérape parfois : « Un regard chargé d’un mélange de sarcasme et de consternation » peut surprendre ! Mais la fresque historique scrupuleusement mise en place, documents à l’appui, retient jusqu’au bout. (M.W. et C.-M.T.)