Le Sourire d’Homère

SOLER Jean

Quand un professeur de lettres classiques se plonge dans L’Iliade et l’Odyssée pour y chercher du grain à moudre, c’est précis et délicieux ; le bouclier d’Achille représente bien les travaux et les jours des Grecs, les comparaisons évocatrices tirées de la nature méditerranéenne donnent force et réalité au texte, et les dieux, surhommes élégants et gracieux, défendent tel ou tel champion et semblent bien inoffensifs. Règnent le bonheur de vivre sur cette terre si charmante, et l’humour d’Homère. La comparaison de cet aimable polythéisme avec les monothéismes, si rabat-joie (La violence monothéiste, NB mars 2009), tourne cependant exclusivement à la louange du « doux » polythéisme. On est gêné par ce portrait idyllique de l’univers le plus ancien aux dépens des religions du Livre, que l’auteur, d’éducation chrétienne, en poste en Israël et en Iran, a pas mal fréquentées : il n’en voit que les dérives !