ĂmigrĂ© russe, il ne peut oublier lâhomme quâil a tuĂ© dans sa jeunesse. Un beau jour, il dĂ©couvre dans un recueil de nouvelles anglaises le rĂ©cit de cet Ă©pisode tragique admirablement racontĂ© par celui qui ne peut ĂȘtre que sa victime supposĂ©e. Il cherche Ă entrer en relation avec lui, avec un intĂ©rĂȘt qui faiblit aprĂšs quâil a, de maniĂšre totalement inattendue, ressenti pour la premiĂšre fois un amour profond pour une jeune femme Ă©trangement calme, comme absente. HantĂ©s par le mĂȘme spectre, ils vont Ă©merger ensemble de leur torpeur existentielle. GaĂŻto Gazdanov est mort depuis quarante ans, et son oeuvre longtemps confidentielle, toute entiĂšre Ă©crite en russe, nâest vraiment diffusĂ©e que depuis la fin de lâURSS. Il y a beaucoup de lui-mĂȘme dans ce texte nettement philosophique, Ă©crit Ă la premiĂšre personne : rien ne peut effacer les actes dont nous sommes responsables, mais lâamour aide Ă surmonter la passivitĂ© nihiliste de la rĂ©signation. La langue, extraordinaire de simplicitĂ©, permet Ă lâauteur de bien exprimer sa personnalitĂ© complexe. Lâimportante postface dâHelena Balzamo facilite la comprĂ©hension de lâoeuvre de cet Ă©crivain nostalgique dâune patrie qu’il nâa jamais pu retrouver.
Le spectre d’Alexandre Wolf
GAZDANOV GaĂŻto