Marina de Conakry. Pendu par un pied au mât de son voilier, un Blanc se balance, tué d’une balle dans la poitrine. La Guinéenne découverte entravée dans la cabine ne semble rien savoir. Le Consul de France étant en vacances, Aurel Timescu, simple membre consulaire, est dépêché sur les lieux et, enfin sorti de son placard, décide de mener sa propre enquête en marge de la police locale. Il en va d’Aurel comme de certains inspecteurs de séries télévisées, ridicules dans leur accoutrement mais dont l’esprit déductif n’en déjoue pas moins les mécaniques criminelles. Jean-Christophe Rufin fait sortir de son purgatoire bureaucratique un petit homme ayant toujours rêvé d’embrasser la carrière policière et le rend rapidement sympathique. Meurtre, magot caché, trafic de drogue, le cahier des charges du roman policier est respecté, cependant l’ensemble tient plutôt du divertissement. Fort de son expérience et se moquant gentiment des hiérarchies africaines, l’ancien diplomate (Check Point, NB juin 2015) pointe les travers d’une Guinée postcoloniale où affinités et antagonismes ancestraux perdurent. Corruption, pauvreté, racisme et nostalgie de Blancs sirotant leur whisky dans les ruines de clubs d’un autre âge servent de toile de fond à ce policier très policé. (Maje)
Le suspendu de Conakry

RUFIN Jean-Christophe