Le problème avec le tapaf, c’est qu’il grandit. Quand il est arrivé, on ne sait d’où, il était tout petit avec un tout petit gourdin. Bof ! Mais très vite on n’a plus compté les pieds cassés des imprudents qui ont voulu le chasser. Il a bien fallu se soumettre à l’horrible censeur qui, dans la ville, entendait éradiquer les rires et toute autre manifestation de plaisir… Même les clowns ont dû plier. Un hiver terrible s’est abattu sur la contrée. À l’abri des murs de la prison où tous se sont réfugiés, on se met à réfléchir… Comme d’autres Rhinocéros, le tapaf est une allégorie du totalitarisme : mise en place insidieuse, caractère invasif, arbitraire de décrets iniques. Ici, sa cible est la joie de vivre, le rire, « le propre de l’homme ». Militant et optimiste, l’album met en scène une Résistance réussie. Nul n’est tenu de courber l’échine indéfiniment… L’illustration de Fred Sochard à la mine de plomb et à la palette graphique, expressive et dynamique, souligne le propos, en doubles pages riches de menus détails qui explicitent le message. Les couleurs sont en accord avec l’ambiance, les personnages caricaturés. Convaincant mais la chute est expéditive.(C.B.)
Le tapaf
OUYESSAD Myriam, SOCHARD Fred