Montevideo, 1994, Leonid Sednev. quatre-vingt-onze ans et gravement malade, écrit ses souvenirs. Son récit débute par le proverbe qu’aimait citer son oncle Gricha, un modèle de discrétion au service de la famille Youssoupov : « Nul n’est un grand homme pour son valet de chambre ». C’est donc par le truchement d’un modeste domestique que Carmen Posadas (Invitation à un assassinat, NB octobre 2012) a choisi de décrire les cinq dernières années du règne des Romanov. Tout commence par l’effroyable tuerie d’Ekaterinbourg relatée par le chef des exécutants. Puis, Leonid raconte comment, à dix ans, engagé comme ramoneur au palais impérial, il a observé, par les bouches d’aération, la vie intime de la famille : la gaieté et la simplicité des filles, leurs amours, la fragilité du tsarévitch, la présence du néfaste Raspoutine auprès de la tsarine – détestée par le peuple – et par ricochet, sa mauvaise influence sur Nicolas II. Une version intime très romanesque, riche en détails d’un drame déjà bien exploité sur le plan littéraire.
Le témoin invisible
POSADAS Carmen