Une vieille dame vient de mourir. La voici devant le juge suprême ou plutôt devant son greffier, comptable pointilleux de ses fautes. Prétendre n’avoir pas fait de « mal à une mouche », c’est aller un peu vite, peut-être. Combien de chatons noyés, de mouches écrasées, de poissons rouges, de vers de terre… De A à Z la liste est longue de ses crimes minuscules…
Ce récit, cette fable, paraît dans la nouvelle édition de Le temps des mots à voix basse (NB/LJA Août-Septembre 2002) qui raconte, de manière poignante, l’histoire d’une amitié sans faille sur fond de nazisme. Le sujet abordé dans le deuxième texte, pour être moins dramatique, n’en est pas moins profond. Mais le ton est plus léger : d’une voix faussement contrite, la candidate à l’éternité reconnaît les méfaits dont on l’accuse mais en réfute la gravité dans un dialogue avec le Portier de l’au-delà qui tient du marchandage. Beaucoup d’humour dans ce « divertissement » qui détournerait de l’essentiel, la réalité de la mort, si elle n’affleurait dans la construction du récit en bouffées de nostalgie d’une grande intensité poétique.