Sentant sa fin venir, le Magicien Ténor lègue un de ses tours de prestidigitation. Jean Ball, avocat, est chargé par M. Hoffmann, président de Brain Force, de remettre en mains propres le testament à Bouddha l’Eternel. Cette « icône de la religiosité populaire » vit pauvrement dans la vallée du Pendjab. Sa renommée, avantageusement exploitée par la firme, est proportionnelle à son inanité. Mais Mme Gohu, sa gouvernante, veille sur lui tout en rêvant d’art et d’écriture. Au cours de son voyage, Jean Ball fait des rencontres qui viennent exacerber l’extravagance de sa mission. Où veut en venir César Aira ? Chantre de l’absurde, ce grand écrivain argentin s’amuse à monter en épingle le néant. Reprenant ses thèmes de prédilection, les fantômes et la magie, il passe du coq à l’âne dans un style parfaitement fluide quoique tout à fait abscons, alternant descriptions et figures de rhétorique. De paradoxes en digressions, mêlant la loufoquerie au sarcasme – la sagesse bouddhiste et l’écrit en prennent pour leur grade –, cet exercice habile prêterait à sourire, mais tant d’élucubrations sur la vacuité finissent par lasser.
Le testament du magicien ténor
AIRA César