Barcelone 1935. Mireia Ventos, jeune machiniste anarchiste, sauve le Grand Théâtre Maravillas des pattes de la République, puis des griffes du franquisme. Au camp d’Argelès-sur-Mer où sont regroupés les réfugiés espagnols, elle survit grâce à un gardien sénégalais dont elle a un fils, Roger. Musicien surdoué, il devient baryton de renommée internationale après que sa mère, atteinte d’un cancer, l’a confié, adolescent, à ses amis saltimbanques. Le roman épouse les méandres d’une partition d’opéra. Si l’auteur, Lluís Llach (Les femmes de la Principal, NB juillet-août 2017), n’était pas une icône libertaire de l’indépendantisme catalan, on pourrait qualifier Le Théâtre des merveilles de « Passion selon saint Lluís ». Car c’est bien la passion qui coule dans les veines du récit. Le romancier, lui-même baryton reconnu, soulève le voile sur les mystères de l’art lyrique. Compositeur populaire, il sait où semer les adagios et les andantes qui créent l’émotion. Homme de spectacle, il connaît sur le bout des doigts les mécanismes du théâtre, celui du Maravillas, au coeur de l’intrigue, en particulier. On regrette toutefois que les caractères linéaires de ses personnages et les flots de bons sentiments ne nous portent pas plus loin que les rives d’un agréable roman. (C.Go. et M.-N.P.)
Le Théâtre des merveilles
LLACH Lluís