Un soir dâorage, Ă la lueur de la cheminĂ©e, un homme qui lit Pinocchio sent derriĂšre lui une prĂ©sence, celle du fils quâil aurait pu avoir et qui nâest pas nĂ©. Sâensuit un long dialogue entre le pĂšre et le fils imaginĂ©, un dialogue oĂč la vie de lâhomme est Ă©grenĂ©e avec Ă©motion.  Â
Erri De Luca (Une tĂȘte de nuage, NB avril 2018), dans ce rĂ©cit autobiographique, raconte sa vie Ă cet enfant dĂ©jĂ adulte dont il regrette la non-existence. Comme dans un jeu de lâoie, il avance et recule dans ses Ă©vocations : sa jeunesse pauvre Ă Naples, son pĂšre qui lâa initiĂ© Ă la peinture, lâamour pour sa mĂšre, grande lectrice qui lui a ouvert les portes de la littĂ©rature, son passĂ© dâouvrier et de rĂ©volutionnaire anarchiste, sa passion pour la montagne et lâescalade, son goĂ»t pour lâascĂšse⊠Petit Ă petit, ce fils devient un double de lui-mĂȘme qui lâoblige Ă se livrer davantage. Intense introspection philosophique et nostalgique. Des phrases courtes et lĂ©gĂšres expriment sa pensĂ©e. Beau livre, Ă©trange, trĂšs poĂ©tique et triste. (M.-F.C. et A.M.)